Données privées ou publiques 2

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La récente lecture (aujourd’hui) d’un article de l’association Vecam (à lire ici) a stimulé ma réflexion sur la question des données privées et publiques. Si le problème me semble correctement posé comment dénouer le lien entre production, analyse de données de masse d’une part, et logique de surveillance de l’autre, je ne suis pas l’auteur dans ses conclusions.

source.

Problème bien posé donc, mais après ? Cela se gâte puisque vouloir empêcher le recueil de données, c’est bloquer l’innovation et donc freiner l’économie numérique. Et bien non, pas entièrement. Enfin, cela dépend de ce qu’on entend par innovation.

Recueillir des données, les traiter et proposer à partir du résultat des améliorations constituait une innovation il y a quelque temps. Maintenant que tout le monde veut le faire, est-ce vraiment innovant ? L’innovation ne consiste-t-elle pas à sortir des sentiers battus pour trouver quelque chose de nouveau ? Toutes proportions gardées, et débat éthique mis à part, c’est comme si on nous assénait que la recherche sur les cellules fœtales était innovante alors qu’elle date de … Non, ce qui est innovant c’est les iPS.

Par la suite, l’auteur critique les partisans d’un régime de propriété des données personnelles, estimant que ce serait une simple copie du droit d’auteur. Raccourci trompeur, car il me semble que Pierre Bellanger (lu et écouté) ne milite pas pour une simple copie du droit d’auteur, mais pour un droit des données personnelles proche de celui du droit d’auteur (je vais donc m’atteler plus tôt que prévu à la fiche de lecture de son ouvrage la souveraineté numérique). Avec parfois un ton alarmiste : nous irions ainsi vers une humanité à deux vitesses, ceux qui pourraient faire respecter leur droit et pas les autres (au passage 1/ c’est déjà le cas, 2/ c’est aussi le rôle des États de faire respecter la loi, non ?) et que deviendrait l’open data puisque ce sont des données publiques (bigre, mais les données publiques ne proviennent-elles pas en partie de données personnelles aussi ?). Puis une critique des solutions cryptographiques, car ce serait une course technique sans fin : ce qui est crypté peut se décrypter. Certes, mais n’oublions pas que nous sommes en Gaule, qu’aucune loi n’a résisté à ses détournements par les Gaulois, que ce que la loi fait la loi peut le défaire, mais que ce n’est pas pour cela que nous avons arrêté de légiférer.

Solutions proposées ? Réorienter l’économie vers une économie de service. Oui, mais cela ne se décrète pas et risque de prendre un peu de temps, car le propriétaire d’affaires qui tournent n’a pas forcément envie d’en changer immédiatement. Utiliser des infrastructures ouvertes et libres. Oui, mais cela occulte la question qui est de savoir pourquoi elles n’ont toujours pas supplanté les infra propriétaires alors qu’elles existent depuis longtemps ? Enfin, développer une sphère de données du type commons.

Pas convaincu par la démonstration, je continue de penser que le « big data » s’est fourvoyé dans la collecte désordonnée de données. Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! aurait été proclamé lors de la croisade contre les Albigeois. Collectez-les toutes, la machine reconnaîtra les siennes est le nouveau mot d’ordre. Voilà comment le big data a laissé la place au fat data. Comme la collecte s’effectue avant toute esquisse de réflexion, on en est même au stupid data. Quel progrès !

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