Confiance (2/2)

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La récente lecture d’un article de sciences et avenir ainsi qu’une discussion m’ont mené à prolonger mes réflexions sur la confiance.

source.

Puisque le terme confiance est galvaudé et ne convient pas à décrire les relations qui s’établissent via l’Internet, lequel utiliser ?

Remarquons aussi qu’il existe une (mal nommée) loi pour la confiance en l’économie numérique que vous pouvez consulter ici. Mal nommée, car cette loi pose des contraintes (elle précise même des peines), alors que la confiance n’est pas une contrainte puisqu’on la donne librement. Loi de Contraintes pour l’Économie Numérique serait donc une dénomination plus appropriée. Mais dans le monde de pseudo-consensus où nous vivons, parler de contrainte est politiquement incorrect. Et pourtant, les mesures de sécurité sont des contraintes…
Nous voyons bien cependant que, en reprenant le texte de cette loi, il n’est nullement question de confiance tant les gardes-fous qu’elle expose sont nombreux. Lorsqu’on fait confiance à quelqu’un, on s’est au préalable assuré qu’il en était digne, mais lorsqu’on lui remet une vulnérabilité on ne l’assaille pas de recommandations en lui exposant tous les gardes-fous posés pour éviter les abus. Il n’y a d’ailleurs aucun garde-fou à la confiance, puisque seuls ceux auxquels nous avons accordé notre confiance nous trahissent. Et il n’y a pas de mesure de rétorsion lorsque la confiance a été trahie.

Deux termes décrivent bien mieux que celui de confiance les relations qui s’établissent via l’Internet :

  • compter sur ;
  • être une personne de parole.

Je l’avoue, ces deux expressions sont proches l’une de l’autre. Cependant, il y a une nuance de durée entre elles. En effet, lorsque je compte sur quelqu’un (ou sur une institution), c’est pour un événement ou une occasion ponctuelle. Je lui demande quelque chose en espérant fortement que ce sera réalisé. Mais une fois cette demande réalisée, nous pouvons ne plus jamais avoir affaire l’un avec l’autre. Ainsi, je compte sur un artisan pour réaliser des travaux en temps et en heure dans ma maison, mais je ne suis pas lié à lui pour les travaux ultérieurs. Pourquoi n’utilise-t-on pas davantage cette expression ? Sûrement à cause de sa connotation mercantile ou hiérarchique, alors que confiance fait plus consensuel.

Si j’estime qu’une personne est de parole, je sais que lorsqu’elle s’engage à faire quelque chose, ce sera fait et bien fait, car elle ne s’engage pas à la légère. Je compte donc sur elle, à la différence près que nous avons déjà eu affaire ensemble par le passé et que je sais pouvoir de nouveau compter sur elle. Je sais également que si par la suite, elle me redonne sa parole (mais elle n’est pas obligée de le faire), ma demande sera de nouveau réalisée correctement. Pour autant, je ne lui fais pas nécessairement confiance, car je ne lui partage pas une de mes vulnérabilités et il est nécessaire qu’elle me dise que j’ai sa parole. Reconnaissons cependant que, dans notre époque, donner sa parole est facile, la tenir bien plus difficile. D’où vraisemblablement, le peu de cas que l’on fait de cette expression.

J’en déduis donc une hiérarchie :

  1. on peut compter sur une personne ;
  2. une personne est de parole ;
  3. une personne est de confiance.

Chacune de ces étapes étant scandée par le temps qui passe. Et c’est vraisemblablement là que le bât blesse : l’internaute et le cybernaute ont tendance à s’affranchir du temps puisque l’Internet et le cyberespace permettent (ou donnent l’illusion de) l’instantanéité. Comme on ne peut conjuguer temps et instantanéité, on en vient alors à dénaturer le sens des mots.

Categories: confiance

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