Cyberarme

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Le cyber est un révélateur, si ce n’est le révélateur de notre époque. Il nous force à préciser notre pensée, les concepts que nous employons, notre doctrine, etc. Dans le cas contraire, nous avons affaire à un magma infâme, une pensée mal dégrossie, où tout et son contraire sont compréhensibles.

C’est, entre autres, le cas avec les cyber armes. De quoi s’agit-il au juste ?

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Lorsqu’on jette un œil sur cet article, on se rend compte que le point de départ est plutôt faible : Il est aujourd’hui communément admis qu’il existe une course à l’armement dans le cyberespace. Elle résulte d’un sentiment d’insécurité face aux autres États et du besoin, qui en découle, de s’armer pour se protéger d’une menace externe.

Mais qui l’admet, sur quels fondements ? Cela ressemble à un présupposé que tout le monde doit considérer comme acquis afin de discuter. Mais cela entraîne un raisonnement qui tourne en rond, qui tourne à vide.

Enfin, l’article termine par un paragraphe relatif à la lutte contre la cybercriminalité, comme si son existence justifiait la lutte contre les cyber armes.

Cet article présente donc plusieurs problèmes :

– une absence de définition de l’arme ;

– une confusion des armes et de la cybercriminalité.

Il est donc nécessaire de définir d’abord ce qu’est une arme, avant de se pencher sur la question des cyber armes.

Pour le code pénal (art 132.75), une arme est :

  • tout objet conçu pour tuer ou blesser.
  • Tout autre objet susceptible de présenter un danger pour les personnes est assimilé à une arme dès lors qu’il est utilisé pour tuer, blesser ou menacer ou qu’il est destiné, par celui qui en est porteur, à tuer, blesser ou menacer.
  • Est assimilé à une arme tout objet qui, présentant avec l’arme définie au premier alinéa une ressemblance de nature à créer une confusion, est utilisé pour menacer de tuer ou de blesser ou est destiné, par celui qui en est porteur, à menacer de tuer ou de blesser.
  • L’utilisation d’un animal pour tuer, blesser ou menacer est assimilée à l’usage d’une arme. En cas de condamnation du propriétaire de l’animal ou si le propriétaire est inconnu, le tribunal peut décider de remettre l’animal à une œuvre de protection animale reconnue d’utilité publique ou déclarée, laquelle pourra librement en disposer.

Nous voyons donc l’écart existant entre le monde réel et le cyberespace. Dans le premier, une arme est d’abord un objet conçu pour tuer ou blesser. Où sont alors les cyber armes ? Quel logiciel est conçu pour tuer ou blesser ? À ma connaissance, encore aucun.

Il y a donc un véritable problème de définition du terme.

Si l’on regarde la classification des armes en France, nous remarquons un autre problème : aucune cyber arme n’y figure…

Cette absence de définition légale et de définition par ses caractéristiques (si l’on peut dire) est un vrai problème : comment raisonner correctement si les prémisses sont fausses ?

Cette question risque cependant de ne pas être résolue rapidement, car un des problèmes de fond est que, si on supprime la notion de cyber arme, on supprime alors également celle de cyberguerre qui en découle, car il n’y a pas de guerre sans armes.

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