Merlin le manager (2)

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Il y a quelques semaines, j’ai lancé une nouvelle rubrique du blog que j’ai intitulée Merlin le manager. Son objectif est de célébrer dignement des magiciens encensés par les arbitres des élégances avant de tomber et de prouver, à cette occasion, qu’ils sont aussi bons managers que je suis fils d’archevêque.

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L’actualité nous en offre un deuxième, jetons-nous avec gourmandise sur ce cas d’école.

L’école, parlons-en. Sa biographie nous indique qu’il a fréquenté l’École alsacienne, à Paris, de la maternelle au lycée entre 1962 et 1975. Puis, parce qu’il se destinait à être un grand manager, il a été diplômé de Science Po Paris (section Service Public, 1979) et a poursuivi sa formation sur les bancs de l’ENA, promotion Louise Michel (1984).

Entré en 1988 à la SNCF comme directeur de cabinet du président de l’époque, il y est retourné de 1993 à 1995 et l’a quittée suite à un « désaccord stratégique ». La stratégie étant peu farouche visiblement, il y est revenu en 1997, appelé par le président de l’époque. Directeur des grandes lignes (TGV), directeur général délégué clientèle, président d’Eurostar Group, il préside voyagessncf.com de 1998 à 2006, il est nommé en 2003 directeur général exécutif du groupe.

Enfin, en 2008, il obtient son bâton de maréchal en devant président de l’entreprise.

Fort bien, mais en quoi concourt-il dans la catégorie « Merlin » ? Parce qu’en lisant la presse, on apprend que les dirigeants de la SNCF dénoncent le sous-investissement chronique du réseau classique depuis 30 ans. Les mauvaises langues diront que 30 ans nous renvoie à l’entrée dans l’entreprise de ce stratège, d’autres que quelqu’un qui a été directeur des grandes lignes, puis directeur clientèle, puis etc. etc. devait connaître la situation de l’entreprise quand même, et que le réveil semble tardif.

La presse encore nous apprend que 5,2 milliards seront débloqués pour investir. On apprend aussi que le grand chantier est de parvenir à faire partir les trains à l’heure. C’est vrai que cela peut être intéressant… Comme selon Merlin, 90 % des trains qui partent à l’heure arrivent aussi à l’heure, nous pouvons donc espérer, dans les années qui viennent, que 87% des trains (0,9 x 0,9) arriveront à l’heure. 30 ans de carrière pour arriver à cette conclusion.

Dernière saillie de Merlin : il ne se présentera pas à sa succession. Il ajoute même qu’après 10 ans, il faut du sang neuf. Ce qu’en termes pudiques ces choses-là sont dites. 10 ans ? Oui, en ne comptant que ses années de présidence…

En résumé, une personne qui a passé la majorité de sa carrière dans une entreprise et y a exercé des responsabilités clés, lance une réforme ambitieuse et s’en va avant d’en voir les résultats. Ce qui permettra de dire, si elle porte ses fruits, que c’est grâce à lui, et si elle échoue que son successeur a fait des erreurs…

Une seule conclusion : Ay, Pepy…to !

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Actualisation : pour le week-end de Pâques, les conseils de Merlin-Futé sont de renoncer à prendre le train. Elle n’est pas belle la vie ?

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