Cinq ans après

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Il y a cinq ans, un quinquennat numérique s’annonçait. Pour preuve, une des premières visites internationales du premier ministre avait pour but l’Estonie, modèle des pays numérisés. Son secrétaire d’État au numérique l’accompagnait, et un touit nous révélait l’étendue de l’ambition des dirigeants de l’époque :

Qu’en est-il de ces promesses, cinq ans après ? Il est certain que le covid et la guerre en Ukraine peuvent servir d’habiles contre-feux pour expliquer que tout n’a pas pu être accompli parce que ce n’est pas si simple, c’est plus compliqué que ça, et, attention, c’est complexe (nouvelle expression dans ma collection de bonnes excuses). Puisque le temps est à la campagne, et bientôt printanier si tout se passe bien, dressons donc un bilan de ces promesses à travers quelques exemples simples (mais pas la qualité de service des opérateurs internet puisqu’ils sont privés – habile !).

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Ni responsable, ni coupable

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Les récentes attaques au rançongiciel visant les hôpitaux français auraient dû soulever plusieurs questions. Étonnamment, relativement peu d’entre elles ont été évoquées. Autre point étonnant, alors que la presse s’est largement fait l’écho de ces attaques, le discours du président, les mesures et surtout la stratégie de cyber-protection des dits hôpitaux sont (plutôt) passés à la trappe. Comme si le sujet n’était pas important, comme si soulever ces questions n’était pas important, ou comme si l’important était d’évacuer le sujet à grands coups de millions promis pour les hôpitaux…

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Pourtant, le sujet mérite qu’on s’y intéresse, car en paralysant un hôpital, ce sont des patients qui sont priés de… patienter encore un peu plus (au fait, avez-vous remarqué que, lorsque vous arrivez en retard chez le médecin, vous êtes quand même en avance – à de rares exceptions près. Théorème de moi, merci de me citer à chaque fois que vous l’emploierez), et si plusieurs hôpitaux sont paralysés simultanément, alors c’est toute une chaîne de santé qui est vraiment menacée. Ce qui pourrait faire de leur cybersécurité une priorité nationale, mais autrement que dans les seuls discours, ce serait parfait. En passant, la page de l’Élysée ne cite pas le cyber parmi les « grands dossiers du président » (cf. illustration infra). Et nous apprenons à propos des attaques cyber, dans le discours présidentiel, qu’elles peuvent paraître très abstraites, et c’est vrai [qu’elles] ne faisaient pas partir du quotidien de notre pays et dont on parlait peu… Si omnis tacent, non tacebo.

De quoi pourrions-nous alors parler ?

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Confiance numérique ? Tentons le reverse big brother alors !

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Le numérique, l’Internet, doit être un espace de confiance. D’ailleurs tout le monde proclame que la confiance est indispensable dans le cyberespace, certains déclarant même qu’il faut la restaurer. Si on prend cette déclaration au mot, une restauration signifie que la confiance a existé, qu’elle s’est perdue et qu’elle doit revenir. Mais comment cette perte a-t-elle pu advenir puisque tous les « industriels » du numérique affirment qu’ils sont des acteurs de confiance ? Mais si tel était le cas, pourquoi appelleraient-ils à une restauration de la confiance ?

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Sûrement parce qu’en fait, et quoi qu’ils disent, la confiance n’existe pas dans le cyber monde. S’il était un espace de confiance, pourquoi faudrait-il acheter aux industriels de la cybersécurité tous les nouveaux logiciels devant assurer cette sécurité ? Pourquoi tant de mises à jour « pour la sécurité » ? Pourquoi tant d’appels à la vérification et à la méfiance ? Un complotiste affirmerait que c’est justement en criant au loup qu’on a le plus de chances de vendre des pièges à loup…

C’est bien plus simple. La confiance n’existe pas dans le cyber monde car il n’est actuellement pas construit pour être de confiance. On peut cependant mettre en place un système peu compliqué pour que les utilisateurs se sentent davantage en confiance. Nous allons en parler maintenant.

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Les nourritures terrestres de l’intelligence artificielle

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L’intelligence artificielle est on ne peut plus à la mode. Il faut en parler, car elle est censée façonner le monde à venir. De ce fait, elle est soit encensée (l’IA nous libérera ! de quoi, cela reste à définir) soit elle est dénigrée car elle fit peur, elle effraye. Et dans la catégorie anxiogène, on convoque bien évidemment le grand méchant Vlad qui aurait dit « Celui qui deviendra leader en ce domaine sera le maître du monde. »

Alors, comme il ne faut pas laisser les cosaques dominer le monde, une course à l’IA a été lancée.

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C’est un truisme maintenant que de dire que l’IA repose sur de l’apprentissage. Mais l’apprentissage nécessite des données en (très) grande quantité. Donc plus la quantité de données est importante, meilleur l’apprentissage pourra être. Mais on n’en est pas sûr. Par contre, on est sûr que si la quantité de données est faible, la qualité de l’apprentissage sera médiocre. Tout développement de l’IA a donc comme préalable la constitution d’un stock de données très important.

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5 ans d’Echoradar : Et soudain, le sémantique !

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L’apparition du cyberespace s’est accompagnée de questions relatives à sa nature : n’était-il que la prolongation de l’informatique, était-il un nouvel espace au sens propre du terme espace, de quoi était-il composé exactement ou, en d’autres termes, de combien de couches était-il constitué ?

Rapidement, un consensus naquit sur l’existence des couches physique (ordinateurs, commutateurs, etc.) et logicielle. Nier leur existence aurait été en effet ridicule.

Cependant, une controverse plutôt larvée apparut à propos de la couche sémantique, bien que personne ne semblait nier farouchement son existence. Était-elle une couche constitutive de ce nouvel espace au même titre que les deux précédentes, ou n’était-elle qu’une élucubration accompagnant, comme de coutume en ces occasions, un phénomène nouveau ?

D’un côté, certains happy few ont, dès les commencements du cyberespace, attiré l’attention sur cette couche non technique qui venait hybrider les couches matérielles et logicielles du cyber. Leur réflexion a d’ailleurs fait progresser la connaissance de ce nouvel espace.

De l’autre, la majorité évoquait cette couche sans paraître convaincue de sa singularité, mais parce qu’elle leur permettait de ne pas laisser la réflexion sur le cyber aux seuls techniciens. Notons d’ailleurs que cet espace n’était pas vu comme un domaine scientifique, mais comme purement technique, réservé aux geeks, néologisme indispensable pour montrer que ce nouvel espace était bien étrange.

Néanmoins, cette couche sémantique nourrissait quelques débats justifiés par le fait que le cyber s’immisçait de plus en plus dans la vie quotidienne de chacun par le développement d’applications en tout genre, et que les aspects scientifique et technique ne pouvaient à eux seuls expliquer cette immixtion. Pourtant, ces débats demeuraient plutôt superficiels : si les capacités techniques du cyber étaient bien observées et analysées, il n’en était pas de même pour la couche sémantique, bien que son importance était rappelée régulièrement, même si c’était en « sautant sur sa chaise comme un cabri en disant sémantique, sémantique », la majorité des débatteurs semblant avares d’explications claires. Cela était vraisemblablement dû au fait que leur pensée était trop complexe, trop subtile, trop intelligente quoi, pour que tout un chacun les comprenne.

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Et, alors que tout semblait ordre et beauté, luxe, calme et volupté, une armée de trolls fit soudainement irruption dans leur cyber merveilleux, tout couverts de sang et de poussière, semant partout l’effroi dans leur armée entière : Referendum sur l’indépendance de l’Écosse perdu de peu (heureusement), élection de Trump, Brexit, présence de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle française, ces quatre trolls de la cyber apocalypse jetèrent la consternation et semèrent le désarroi dans un cyber bien huilé.

Tout se passait alors comme si la couche sémantique, négligée pendant des années par des vendeurs de vent, faisait soudainement irruption, tel un serpent qu’ils auraient couvé en leur sein sans s’en rendre compte.

Après un moment de panique dû à l’absence d’explication rationnelle, les fake news vinrent à a rescousse de ces bonimenteurs. Ils n’avaient pas été pris de court, c’est simplement qu’un phénomène nouveau, corollaire de la nouveauté du cyber, était apparu. L’alt truth d’abord qui finit par atteindre son paroxysme dans les fake news. Notons que la définition de ce nouveau terme peine à émerger, tant il semble difficile de le départager des bobards, intoxications, feintes, mensonges et consorts. Fort heureusement donc, telles un Antéchrist moderne précédant les quatre trolls de cette cyber apocalypse précédemment nommés, les fake news étaient la cause de ce désordre, et de même que l’Antéchrist, il était nécessaire de les enfermer pour l’éternité.

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Noël : vœux et lectures

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Présenter ses vœux après coup présente certains intérêts :

  • ne pas avouer qu’on est en retard ;
  • voire à la tête de la personne si les vœux sont de circonstance ;
  • etc.

Sans oublier le fait que, maintenant que c’est à la mode, cela laisse le temps de discerner s’il faut souhaiter un joyeux Noël, de bonnes fêtes ou tout autre chose selon que la personne à laquelle vous vous adressez est plus ou moins bien lunée. On peut aussi ne rien souhaiter car certaines voudraient qu’on ne souhaite rien.

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La photo ci-dessus est donc une synthèse de tout cela, on y trouve tout, mais elle n’est pas prise en face de la samaritaine.

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Hôpital, sécurité et dignité

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Un récent séjour à l’hôpital s’est révélé concomitant à la publication de ce tweet déplorant la déliquescence de la sécurité informatique à l’hôpital :

Effectivement, lorsqu’on lit ce tweet et qu’on regarde les photos jointes, il y a de quoi être atterré, car la sécurité informatique élémentaire est battue en brèche d’une manière remarquable.

Le moment d’indignation passé (bien sûr que c’est mal, bien sûr qu’en aucun cas je ne ferai jamais cela), il est intéressant de se demander comment on en est arrivé là, si ce constat n’est pas le symptôme d’un mal plus profond interne à l’hôpital, et si cette question de la SSI à l’hôpital peut être réglée uniquement par des mesures techniques.

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Anon

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Ce billet n’est pas dédié à une étude animale, comme son titre pourrait le laisser croire (il lui manquerait alors un accent circonflexe), mais à quelques éléments relatifs au film d’Andrew Niccol, sorti cette année. Rappel : Andrew Niccol est le réalisateur de Bienvenue à Gattaca (1997), Simone (2001), Time out (2011) ainsi que le scénariste de The Truman Show (1998). C’est donc un habitué des films traitant des u et dystopies, selon le point de vue que l’on adopte.

Comme son titre le laisse supposer, la trame principale du film est la question de l’anonymat dans un futur indéterminé.

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Indéterminé mais qui ne semble pas si loin de notre époque, car si les bureaux dans lesquels les personnages principaux du film (des policiers) travaillent sont d’une tristesse époustouflante voire déprimante (les murs sont en béton nu), le lieu principal de l’action est une ville de notre époque, les moyens de transport étant également contemporains.

Il ne sera pas question ici d’une critique du film en bonne et due forme, mais d’exposer quelques éléments intéressants, tirés des dialogues et soulevant quelques questions relatives à la vie privée et donc à l’anonymat.

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Transhumanisme, sécurité et identité

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Ayant été récemment invité aux 6° universités de la famille organisées à Dijon, je n’ai pu m’y rendre mais grâce à la médiation de la vidéo, j’ai néanmoins pu exposer le questionnement suivant traitant du transhumanisme, de la sécurité et de l’identité.

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Comme nous le rappelle wikipedia, le transhumanisme est un mouvement culturel et intellectuel international prônant l’usage des sciences et des techniques afin d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains. Le transhumanisme considère certains aspects de la condition humaine tels que le handicap, la souffrance, la maladie, le vieillissement ou la mort subie comme inutiles et indésirables, aussi amalgament-ils la misère matérielle et la misère spirituelle et pensent qu’en résolvant la première la seconde suivra. Dans cette optique, les penseurs transhumanistes comptent sur les biotechnologies et sur d’autres techniques émergentes.

Mais quelles en sont les conséquences ?

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Étonnante Estonie (3/3)

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Les deux précédents billets nous ont permis de constater que l’Estonie, malgré ce qui nous semble des désavantages rédhibitoires (pays de petite taille, peu connu, disposant de peu de ressources et, qui plus est, ancien pays soviétique) a réussi une percée notable sur la scène mondiale par la numérisation de ses services. Alors, au terme de ce voyage septentrional, que pouvons-nous en retenir pour tenter de le transposer en Gaule ?

Beaucoup de choses assurément.

Tout d’abord que la transformation d’un pays soviétique en pays avancé est possible, dans la mesure où les gouvernants le veulent et montrent l’exemple. Les contingences locales et historiques ne sont pas tout : ce pays demeure un cas particulier. En effet, ses voisins baltes qui présentent les mêmes contraintes, n’ont cependant pas réussi une percée similaire dans le domaine numérique.

La France pourrait-elle alors s’en inspirer, comme l’ont récemment indiqué le premier ministre et le secrétaire d’État chargé du numérique ?

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