Gilets jaunes + numérique = gilets jaunes numériques
Le mouvement des gilets jaunes (remarquons que personne ne le qualifie de crise, alors qu’il dure depuis 10 semaines et ne montre pas de signes d’essoufflement autres que ceux répétés il y a peu par le gouvernement) est diversement apprécié et analysé. Mouvement insurrectionnel, révolte contre les institutions ou preuve d’un ras-le-bol généralisé, les interprétations divergent, selon qu’on en est partisan ou pas.
Pour certains, il fut même la manifestation d’une peur devant le changement, voire devant les ruptures à venir.
Le constat de son apparition quasi concomitante avec la numérisation de notre société peut susciter des questions dont celle, simple à première vue, de savoir si on peut manager à l’ère numérique comme avant. Un précédent billet donnait un avis sur la question.
D’autre part, et bien qu’il ne s’agisse pas de comparer les révolutions de couleur et les printemps de jadis avec l’automne jaune qu’a vécu la France, l’utilisation des réseaux sociaux est un point commun de ces mouvements, tant dans l’expression des revendications que dans leur mise à profit tactique (intox sur le lieu de départ de la manifestation notamment lors de l’acte VI).
Cette utilisation du numérique est caractéristique de notre époque où la numérisation est parfois montrée comme le seul avenir possible de l’humanité. En contrepartie, des travaux sur cette utilisation par le mouvement des gilets jaunes tendent à faire croire qu’ils dévoient le numérique pour y déverser leur haine, répandre des fake news à tire-larigot et ainsi faire le lit de l’extrême droite.
Cette révolte contre le système établi dans le monde réel incite aussi à se demander si le monde numérique ne risque pas de voir apparaître, à un horizon qu’il serait bien téméraire d’annoncer, un soulèvement similaire à celui des gilets jaunes et comment les dirigeants d’entreprises numériques (ou se prétendant telles) pourraient le précéder.