Données à vendre
Vous vous en êtes rendu compte ne lisant mes précédents billets, les données risquent de devenir une nouvelle informatique orpheline. Peu de monde y réfléchit sérieusement, la majorité étant attirée par les pantagruéliques profits financiers qu’on peut réaliser avec elles.
Se pose donc la question de la commercialisation des données et les astuces utilisées pour le faire. Ce qui pose problème car le marketing ciblé est aussi un moyen de restreindre le choix du client. Donc de limiter sa liberté. Ce qui génère un autre business, celui de la protection contre ces intrusions. Mais au fait, que fait l’État ?
Aux USA, cela bougerait un peu si l’on en croit cet article, et le contrôle de la commercialisation des données serait envisagé au motif que les courtiers en données en savent souvent autant – ou plus – sur nous que notre famille et nos amis. Vous vous demandez ce qu’est un courtier de données ? Regardez cette vidéo :
Et en Gaule, que faisons-nous pendant ce temps ? Nous allons vraisemblablement créer une commission sur le sujet qui travaillera la question : peut-on partager les données ?, sachant déjà que le vrai risque serait de ne pas les partager.
Remarquons que cette commercialisation va à l’encontre du pseudo droit à l’oubli des données, tel qu’il a été acté récemment. Reconnaissons cependant que nous sommes encore face à un abus de langage ! On peut en effet se forcer à mémoriser, mais malgré tous les efforts, on ne peut se forcer à oublier.
Ceci dit, il est bien beau d’accepter de commercialiser des données, mais pas très cohérent avec la limitation de la durée de conservation des données de connexion telle qu’édictée par un décision européenne. Encore un imbroglio juridique à venir que je ne résiste pas à vous exposer : soit t le temps maximal de conservation des données de connexion, F un fournisseur d’accès à internet et C un courtier de données. Si à t-1 jour, F vend à C l’ensemble des données de connexion, qui est en infraction avec la loi ?
Au fait, qui dit commercialisation des données dit aussi vol de données. Au passage, signalons qu’une jeune pousse français Pradeo a développé un logiciel qui analyse les applications mobiles que vous téléchargez sur vos smartphones et tablettes. Il effectue un diagnostic des requêtes appelées par l’application et vérifie qu’il n’y a pas d’appels téléphoniques ou SMS surtaxés ou de liens vers des sites douteux. Avant d’autoriser –ou pas- l’utilisateur à télécharger l’application, il fournit une fiche d’identité de cette dernière et mentionne le niveau de confiance à accorder à cette application. Pas mal du tout, non ?
Et face à tout ceci, quelle intimité me reste-t-il demanderez-vous ? Rassurez-vous, braves gens, les comités Théodule sont de retour avec des armes absolues : Les individus doivent être informés et bénéficier de garanties adéquates de protection de leurs données lorsque celles-ci sont collectées et transférées. (Je t’informe que je ne me moque pas de ta vie privée puisque je refuse de vendre tes données à la mafia. Mais peut-être pas à ses sociétés-écrans.) Et un traité intergouvernemental contraignant devrait être adopté afin de donner aux citoyens des garanties fortes en matière d’activité de renseignement. Ouf, c’est au conditionnel, nous avons échappé à l’injonction contraignante ! Les éditeurs ne sont pas en reste qui font aussi preuve d’un cynisme certain puisqu’ils déclarent Pour l’instant, deux choses nous importent en tant qu’éditeur de logiciels : ne jamais être freiné par le volume de données à analyser et ne jamais être freiné par la nature desdites données.
Mais comme j’ai appris à ne pas être anxiogène, je conclus par une vidéo qui montre qu’on peut avoir confiance dans les courtiers de données (même série, même épisode que supra) :
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