Indépendance

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Comme annoncé précédemment, j’ai passé la semaine dernière en Écosse. Très beau pays, habitants accueillants, bref un endroit que je conseille et où je retournerai vraisemblablement.
Comme vous le savez, l’Écosse organise le 18 septembre prochain un référendum portant sur son indépendance. Les affiches pour le oui que j’ai vues dans les rues ont suscité quelques réflexions relatives aux conséquences qu’aurait l’indépendance sur les entreprises.

Je vous les livre.

IndependanceEcosse

Considérations générales

Si l’Écosse obtient son indépendance, le pétrole de mer du Nord devrait lui appartenir. Devrait, car les Orcades (Orkney) et les Shetland ne sont pas très chaudes pour quitter le Royaume-Uni. Organiseront-elles un référendum après celui portant sur l’indépendance ? Possible. Considérons cependant qu’il n’y ait aucune sécession post-indépendance. Le nouvel État pourrait soit nationaliser les compagnies qui exploitent le pétrole, soit se faire verser une redevance pour son exploitation.
Ceci dans le cas où il resterait du pétrole, puisqu’il semble qu’à l’approche du référendum, les estimations des réserves tendent à décroître. Gageons que l’erreur de calcul sera trouvée et promptement rectifiée si l’Écosse demeure au sein du Royaume-Uni…
Si l’État opte pour le versement d’une redevance, il lui faudra estimer au plus juste les quantités extraites afin de ne pas être floué. L’estimation pourra être effectuée de plusieurs façons:

  • sur la plate-forme elle-même, mais il faudra que le logiciel qui calcule la production soit sincère ;
  • en fonction du nombre de navires effectuant les rotations sur chacune des plates-formes, mais quel système de surveillance sera mis en place ?

De même, en cas de nationalisation, comment s’assurer que les sociétés nationalisées n’ont pas laissé de bugs dans leurs logiciels pour, disons, refaire le coup d’Aramco ? Ou pire, laissé un Stuxnet-like afin de causer une marée noire dont la responsabilité retombera sur le nouvel État indépendant ? Ceci afin d’éviter qu’à l’instar de l’État bolchevique, l’Écosse indépendante refuse de reconnaître les dettes de son prédécesseur. Mais au vu des interdépendances économiques actuelles, est-ce encore possible ?
Nous voyons donc que, si les entreprises privées ont tendance à s’affranchir de la tutelle des États grâce au cyberespace, ceux-ci conservent cependant un potentiel de nuisance certain.

Discours indépendantiste et SSI

Comme vous le remarquez sur la photographie d’illustration, le discours politique vole très haut… Pour leur défense, il faut reconnaître que le ciel, parfois bas et lourd, peut empêcher de déployer ses ailes de géant. Faisant davantage appel à l’émotion qu’à la raison, le discours indépendantiste m’a fait penser à celui que les sociétés de sécurité informatiques servent aux entreprises. Anxiogène, il facilite la vente de solutions qui n’en sont pas, mais une fois qu’elles sont achetées, il est trop tard pour s’en rendre compte.
Dans les deux cas (indépendance et SSI), adopter un discours raisonnable et non sensationnel imposerait de sérieuses remises en question.

Les échanges britanniques

L’indépendance n’entraînera sûrement pas la rupture des relations avec l’Angleterre. Un nouveau modus vivendi sera à trouver afin que chaque côté préserve ses intérêts. L’Angleterre menace de faire sortir l’Écosse indépendante de la livre sterling. Bien, mais quelles en seront les répercussions pour ce royaume solitaire ? Dans ce cas, l’Écosse restera-t-elle longtemps à la porte de l’euro ? Quels droits de douane seront appliqués, combien de temps sera laissé aux entreprises pour mettre leurs logiciels de comptabilité à jour ? Quel sera le niveau de sécurité des entreprises écossaises si leur SSI est dans des mains anglaises ? Maîtres espions et fidèles serviteurs de l’Empire, les Anglais ne se gêneront pas pour espionner regarder avec attention leurs anciens concitoyens.

Les réseaux

Les réseaux entre l’Angleterre et l’Écosse ne seront pas coupés du jour au lendemain. Cependant, avant qu’émerge un champion national, le réseau du nouvel État (infrastructure et logiciels) restera un certain temps dans les mains de l’ancien occupant. Ceci conjugué à la remarque supra fera que les entreprises écossaises n’auront aucun secret pour leur voisin méridional. Là aussi, la nationalisation est possible, mais combien de temps s’écoulera avant de découvrir l’ensemble des accès dérobés et espiogiciels installés par la (toujours) perfide Albion ?

Préparation

Tout ceci me fait me demander si les entreprises sont préparées à ce changement. La déclaration d’indépendance est un acte politique qui ne regarde pas les entreprises, certes. Cependant, ses conséquences seront également économiques, car les concurrents de la veille pourront désormais affronter les entreprises écossaises avec des arrières-pensées politiques ou en étant manipulés par leur propre État. La préparation devrait donc s’effectuer en se posant a minima les questions suivantes : qui détient

  • les réseaux d’infrastructure ;
  • les clés de la SSI ;
  • des télé-opérations ;
  • du cloud ;
  • de la comptabilité ;

afin de parer aux risques d’espionnages, de chantages et de poursuites judiciaires pour non-respect des obligations légales.
L’euphorie de la création d’un nouvel État ne doit pas faire perdre de vue la persistante concurrence, voire les nouvelles modalités d’une compétition instrumentalisée ou mâtinée de rancœurs politiques.

Categories: stratégie

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