Cinq ans après

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Il y a cinq ans, un quinquennat numérique s’annonçait. Pour preuve, une des premières visites internationales du premier ministre avait pour but l’Estonie, modèle des pays numérisés. Son secrétaire d’État au numérique l’accompagnait, et un touit nous révélait l’étendue de l’ambition des dirigeants de l’époque :

Qu’en est-il de ces promesses, cinq ans après ? Il est certain que le covid et la guerre en Ukraine peuvent servir d’habiles contre-feux pour expliquer que tout n’a pas pu être accompli parce que ce n’est pas si simple, c’est plus compliqué que ça, et, attention, c’est complexe (nouvelle expression dans ma collection de bonnes excuses). Puisque le temps est à la campagne, et bientôt printanier si tout se passe bien, dressons donc un bilan de ces promesses à travers quelques exemples simples (mais pas la qualité de service des opérateurs internet puisqu’ils sont privés – habile !).

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Confiance numérique ? Tentons le reverse big brother alors !

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Le numérique, l’Internet, doit être un espace de confiance. D’ailleurs tout le monde proclame que la confiance est indispensable dans le cyberespace, certains déclarant même qu’il faut la restaurer. Si on prend cette déclaration au mot, une restauration signifie que la confiance a existé, qu’elle s’est perdue et qu’elle doit revenir. Mais comment cette perte a-t-elle pu advenir puisque tous les « industriels » du numérique affirment qu’ils sont des acteurs de confiance ? Mais si tel était le cas, pourquoi appelleraient-ils à une restauration de la confiance ?

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Sûrement parce qu’en fait, et quoi qu’ils disent, la confiance n’existe pas dans le cyber monde. S’il était un espace de confiance, pourquoi faudrait-il acheter aux industriels de la cybersécurité tous les nouveaux logiciels devant assurer cette sécurité ? Pourquoi tant de mises à jour « pour la sécurité » ? Pourquoi tant d’appels à la vérification et à la méfiance ? Un complotiste affirmerait que c’est justement en criant au loup qu’on a le plus de chances de vendre des pièges à loup…

C’est bien plus simple. La confiance n’existe pas dans le cyber monde car il n’est actuellement pas construit pour être de confiance. On peut cependant mettre en place un système peu compliqué pour que les utilisateurs se sentent davantage en confiance. Nous allons en parler maintenant.

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Des informatiques orphelines dans les armées et de leurs conséquences

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Le récent article du colonel Légrier, publié dans la rubrique « opinions » mais promptement retiré le 16/02 du site internet de la Revue de la Défense Nationale pour des raisons initialement non exposées et au demeurant assez xylolaliques, incite à se poser, de manière plus moderne, la sempiternelle question de la dépendance des armées envers la technique.

Notons, avant de poursuivre, que le lecteur ne trouvera pas ici de discussion sur le bien fondé des opinions dudit colonel ni même sur l’opportunité et l’élégance du retrait de cet article. Uniquement une réflexion sur la question de la dépendance des armées envers la technique. Mais de manière plus moderne, car cette séduction a maintenant pris les traits (marketing ou post-modernes) de la numérisation, sans laquelle toute entreprise (au sens large du terme) serait condamnée à végéter.

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Faisant également suite à un article un peu moins récent dans lequel était expliqué que des troupes françaises, en manœuvre dans un pays balte, s’étaient trouvées perdues à cause d’une panne de GPS (elles ont donc réactualisé le bon vieux principe du PMG, paumés mais groupés) l’objectif de ce billet est de se demander si les informatiques ne sont pas, parfois, considérées comme orphelines dans les armées et donc si la fameuse loi de conservation de l’intelligence ne s’applique pas également aux systèmes militaires. Si tel était le cas, il faudrait alors identifier quelles conséquences opérationnelles sa mise en application peut avoir.

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Fausse information et fausse monnaie

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Depuis quelque temps, les fausses informations et leurs circuits de diffusion font la une récurrente de l’actualité, à tel point qu’elles pourraient devenir le marronnier des temps numériques1. Pourtant, ce sujet n’est pas récent, la ruse, la manipulation, la « déception » même ont eu leurs émules à toutes les périodes de l’Histoire.

Leur remise à l’honneur tient aux résultats de récentes élections dont le vainqueur n’aurait dû, dit-on, son succès qu’à l’appui actif de trolls et fuites russes2, ou qui n’aurait pu gagner que parce qu’il avait terrassé ces mêmes éléments malfaisants3.

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Si on observe bien ce phénomène, et surtout si on écoute attentivement ses commentateurs, il s’avère que la fausse information circule librement et qu’il est bien difficile de l’identifier avec certitude. De ce double constat, un parallèle avec la fausse monnaie peut être esquissé. En effet, cette dernière est une plaie de l’économie, et son identification souvent difficile rend sa circulation quasiment libre.

Si cette comparaison s’avérait pertinente, le parallèle pourrait alors être poussé davantage afin de savoir si les moyens de lutte contre la fausse monnaie s’avéreraient adaptés à la lutte contre les fausses informations.

Voyons ce qu’il en est.

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Categories: numérisation, protection Étiquettes : , ,

RIP SAIP

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Ainsi donc, alors que le débat national sur la bioéthique est clos mais que la rédaction des synthèses est en cours, le gouvernement a décidé de faire partir, dans la discrétion, l’application SAIP. J’avais exposé, il y a un peu moins de deux ans, les pièges de la rapidité de la conception d’une telle application. Puis, la persistance de ses problèmes, prouvant ainsi qu’un projet débutant mal ne peut se rétablir que par miracle.

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Mais comme la religion ne peut être à l’honneur dans une époque qui se veut laïque, le miracle du fonctionnement normal de SAIP n’a pas eu lieu.

Le gouvernement a donc procédé à l’ultime injection compassionnelle. Tout cela était en fait couru d’avance, tant les défauts de conception et d’organisation initiale du projet étaient flagrants : précipitation, absence de redondance, faible qualité de service annoncée, et surtout direction de projet inexistante une fois le projet lancé. Cela fait beaucoup pour un seul projet, comme si le ministère de l’Intérieur voulait prouver qu’il pouvait faire mieux (ou pire) que celui de la Défense (de l’époque) avec Louvois.

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Categories: numérisation, protection

Les indigènes du numérique

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Le numérique est un terme à la mode, ce qui rend son emploi peu original, notamment lorsqu’il est associé au terme fracture, étant entendu que la résorption de la fracture numérique doit être une lutte de chaque instant.

Selon wikipedia, cette fracture numérique consiste en la disparité d’accès aux technologies informatiques, notamment Internet. Cette définition intégralement reprise par l’IRA de Nantes nous fait une fois de plus regretter que l’emploi du terme numérique est symptomatique du grand flou du vocabulaire précédemment relevé dans les billets ici et .

Si d’aventure on se penche sur les chirurgies présidentielles et gouvernementales précédentes, nous constatons que, si Jacques Chirac a été élu en 1995 en promettant notamment de réduire la fracture sociale, le succès de l’opération chirurgicale promise a été pour le moins relatif, ce qui n’est pas de bon augure pour celui de la résorption de la fracture numérique…

La grande différence entre ces deux fractures résiderait-elle dans le fait que depuis le 17 décembre 2009, une loi relative à la lutte contre la fracture numérique a été publiée au journal officiel ? Las ! son objet était de fournir la télévision numérique aux Français et, pour cela, d’instituer dans chaque département une commission de transition vers la télévision numérique (article 4).

Plus récemment, le 20 décembre dernier à l’occasion d’une séance de questions au gouvernement, Dominique David (députée REM) a demandé au gouvernement de détailler les mesures qu’il envisageait pour « toucher, orienter et inclure les nombreux Français qui sont dans la précarité numérique. »

Après la fracture, voici la précarité numérique…

À quoi aurons-nous bientôt droit sachant que le numérique doit déjà être inclusif ou ne sera pas ?

Nous le voyons à la frénésie lexicale qui s’est abattue sur notre époque, le numérique est un sujet de grand intérêt, d’ailleurs notre gouvernement s’y intéresse et s’investit dans la résorption de sa fracture avec volontarisme.

« En même temps », des sénateurs se sont demandé si la France via l’Union européenne, ne serait pas en passe de devenir une colonie numérique. Ce qui signifie que, sans jamais définir correctement ce qu’est le numérique, la numérisation peut aussi être vue comme une forme de colonisation.

Mais alors, si c’est une colonisation, elle a forcément ses indigènes, ceux qui en souffrent, ne la supportent pas, voire résistent à sa propagation…

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L’objet de ce billet est d’évoquer le sort de ceux que l’on peut appeler « les indigènes du numérique », à savoir les personnes qui se retrouveront aux périphéries du numérique soit que par un mouvement :

  • involontaire, elles ne savent pas (ou mal) utiliser l’informatique ;
  • volontaire, elles veulent se tenir à l’écart de cette transformation, sans forcément adopter le mode de vie des amish.

Le problème de l’État sera alors, pour reprendre la novlangue à la mode, d’inclure ces personnes dans ses préoccupations et de leur adapter les mesures qu’il prendra.

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De l’informatique au numérique (1/2)

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Noël approchant, je vous offre un article bonus, à savoir qu’il se dégustera en deux parties. Quel plaisir, n’est-ce pas ?

Nous vivons une révolution numérique, le numérique transforme le monde, il faut numériser nos institutions et façons de faire. Ce discours est tellement entendu qu’il en est devenu convenu. S’il n’est pas infondé, son inconvénient est qu’il s’apparente davantage à des propos à la hussarde, voire à un mantra, qu’à un discours raisonné et pensé. Preuve en est que les tenants de ces discours sont souvent bien en peine de définir précisément le terme numérique et d’exposer les différences entre informatique, cybernétique et numérique.

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Notons aussi, juste pour nous détendre avant d’entrer dans le vif du sujet, que le terme numérique est souvent remplacé par digital, reprenant ainsi les aberrations du langage informatique dans lequel quelques mots d’anglais étaient jetés, de-ci de-là, afin de montrer la supposée maîtrise de la nouvelle lingua franca par son locuteur. À l’époque déjà, le carrosse redevenait citrouille lorsqu’un profane demandait de traduire en français ces termes de lui inconnus… La persistance dans cette attitude génère alors une amusante confusion si l’on est vient à parler des empreintes laissées par l’internaute sur la toile au cours de sa navigation : sommes-nous face à de nouvelles empreintes digitales ?

Revenons à notre propos. L’objectif de ce billet est de voir en quoi les notions d’informatique, cybernétique et numérique diffèrent, car il est indispensable de définir correctement les termes que l’on emploie, surtout lorsque les notions manipulées sont abstraites, afin d’éviter l’incompréhension ou pire, la confusion.

Cela étant posé, nous serons mieux à même de comprendre quelques avanies vécues par les organisations, qu’elles soient publiques ou privées.

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La possibilité d’une numérisation

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À l’aube de ce siècle, la numérisation est, semble-t-il, l’avenir du pays, des entreprises, des collectivités territoriales et de toute organisation qui souhaite rendre des services dignes de ce nom à ses clients ou ses usagers.

Un rapport parlementaire présenté le 27 septembre devant la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale par ses deux co-rapporteurs Laure de La Raudière (les constructifs) et Éric Bothorel (LREM) formule même 20 propositions pour améliorer la couverture numérique du territoire.

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Pour autant, suffit-il d’apporter la fibre en tous lieux et en tout temps pour numériser le pays ? Assurément non, même si la couverture du territoire en est un préalable.

Dit autrement, si tout le monde proclame l’importance de la numérisation sur tous les tons et tous les toits, la réalité laisse parfois penser qu’il y a loin de la coupe aux lèvres et que, pour reprendre le titre original qui a inspiré celui de ce billet, les organisations numérisées sont en fait des clones à peine améliorés de ce qui existe déjà.

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Étonnante Estonie (3/3)

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Les deux précédents billets nous ont permis de constater que l’Estonie, malgré ce qui nous semble des désavantages rédhibitoires (pays de petite taille, peu connu, disposant de peu de ressources et, qui plus est, ancien pays soviétique) a réussi une percée notable sur la scène mondiale par la numérisation de ses services. Alors, au terme de ce voyage septentrional, que pouvons-nous en retenir pour tenter de le transposer en Gaule ?

Beaucoup de choses assurément.

Tout d’abord que la transformation d’un pays soviétique en pays avancé est possible, dans la mesure où les gouvernants le veulent et montrent l’exemple. Les contingences locales et historiques ne sont pas tout : ce pays demeure un cas particulier. En effet, ses voisins baltes qui présentent les mêmes contraintes, n’ont cependant pas réussi une percée similaire dans le domaine numérique.

La France pourrait-elle alors s’en inspirer, comme l’ont récemment indiqué le premier ministre et le secrétaire d’État chargé du numérique ?

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